Comment faire rayonner les ETI sur le territoire français ?
Le lancement de la « Stratégie Nation ETI » à l’Elysée pose la question de la place des ETI dans le paysage économique français, et de leurs attentes. Nous avons posé ces questions à Alain Conrard, Directeur Général de Prodware, un acteur phare, en France et à l’étranger, dans le conseil, l’accompagnement et l’implémentation de solutions adaptées pour le developpement stratégique et la transformation digitale des ETI et des filiales de grands Groupes. Prodware accompagne les entreprises, notamment les ETI et les filiales de grands comptes, dans leur transformation digitale à travers cinq fondamentaux : le Conseil, l’accompagnement, l’Edition, l’Implémentation de solutions logicielles sectorielles et métiers et un centre international d’innovations d’exception. Avec la confiance renouvelée de ces principaux partenaires – Microsoft, Sage et Autodesk – Prodware rassemble plus de 1 350 collaborateurs et experts qui sont présents dans 13 pays pour répondre aux enjeux, nationaux ou internationaux de ses clients. Prodware est coté à la bourse de Paris sur le marché Euronext Growth (ALPRO) et son chiffre d’affaires 2019 est de 188,6 millions d’euros. Son Directeur Général, Alain Conrard a effectué la première partie de sa carrière dans les métiers du Consulting et Marketing Produits auprès d’éditeurs avant de rejoindre Prodware pour lui donner un nouvel essor. Auteur du livre à paraître « Innovez ! En toute sérénité », dans lequel il apporte une vision et des conseils pragmatiques pour faire face aux enjeux humains et industriels de la transformation digitale, il répond aujourd’hui à nos questions. Selon le gouvernement, les entreprises de taille intermédiaire (ETI) sont moins reconnues et soutenues que les PME, avez-vous ce sentiment en tant que Directeur Général d’une ETI ? Alain Conrard : Jusqu’à présent, les ETI étaient moins reconnues et soutenues que d’autres types d’entreprises. Encore aujourd’hui, tout le monde parle soit de start-ups, de TPE, de PME, ou de grands comptes. Il n’y avait certes pas volonté délibérée de les passer sous silence, mais les ETI étaient en-dehors des radars des pouvoirs politiques. Elles dépassaient en effet certains plafonds par rapport aux TPE ou aux PME, que ce soit en termes de chiffre d’affaires, d’effectifs ou encore de présence à l’international. Le MEDEF défendait certes les intérêts des entreprises en général, la CMPE, ceux des TPE et PME, mais, malgré leur contribution importante à l’économie française, aucun lobbying n’était effectué pour les ETI. Pour pallier ce manque et défendre les intérêts des ETI auprès des pouvoirs politiques, Yvon Gattaz a créé le Mouvement des ETI (METI). Il a notamment essayé d’alléger les taxes des ETI lors de la transmission des entreprises. Les ETIétaient tellement surtaxées que beaucoup n’ont malheureusement pu être transmises et ont dû être vendues à des gros groupes pour payer les droits de succession. L’Allemagne, où l’on sait que le Mittelstand est beaucoup plus fort qu’en France, a par exemple pris des dispositions de transmission favorables pour que les ETI demeurent au patrimoine allemand et ne soient donc pas vendues à des groupes internationaux. C’est donc ce manque d’identification qui vous a orienté vers les mouvements d’ETI ? A.C. : Tout à fait, c’est pour cela que nous avons créé le Club ETI Ile-de-France (IDF), sous l’initiative de Pierre-Olivier Bria son directeur, à Paris. Ce mouvement a trois ambitions : mieux faire connaître les ETI et leur contribution auprès des pouvoirs politiques, faire en sorte que les patrons des ETI se rencontrent et puissent échanger sur des enjeux liés à la spécificité de l’ETI et, enfin, échanger entre dirigeants autour de bonnes pratiques. Au sein du Club ETI IDF, les enjeux des ETI sont représentées par différents types de commissions (innovation, emploi, attractivité des territoires, RH…). Elles ont pour but de donner accès, aux différents directeurs de ces départements, à des travaux qui ont été faits dans d’autres entreprises, et donc de contribuer à leurs valeurs. C’est ce que nous démontrons au sein de la Commission Innovation que je préside : Comment l’innovation peut demain être un élément clé d’une croissance profitable des ETI. Vous êtes très impliqué dans l’innovation et la transformation digitale des ETI, est-ce le signe que ces démarches restent un défi pour les ETI françaises ? A.C. : L’accès à l’innovation est vital pour les ETI. Tous les chefs d’entreprise savent que la transformation digitale est en route et qu’il faut la maîtriser pour ne pas la subir. La question est donc de savoir comment car la transformation digitale a un impact que nous sommes obligés de considérer. Il est donc capital de comprendre les impacts de l’innovation notamment sur le plan stratégique. L’approche doit également être différenciée. Elle doit tenir compte du secteur d’activité, de la stratégie de l’entreprise (croissance, profitabilité, développement du portfolio, expérience client, etc…), et de l’impact sur les modèles existants (distribution, production, organisation, etc…). C’est un réel défi pour les ETI qui attirent moins de talents, sont moins reconnues, ont une image mal maîtrisée et qui ont donc plus de difficultés à attirer les talents. Ainsi, l’accès à l’innovation et à la technologie pour les ETI peut être complexe. C’est d’autant plus le cas lorsqu’elles sont situées hors des métropoles. Un jeune ingénieur va naturellement se diriger vers une grande entreprise, voire une start-up pour créer son projet. Tout le défi pour les ETI est de se doter de solutions innovantes, notamment dans le cadre de la transformation digitale, qui vont leur permettre de répondre à leurs enjeux. Une autre initiative du club ETI IDF a été de créer une passerelle entre start-ups et ETI. Son objectif principal est de créer des synergies et d’identifier des solutions issues de start-ups pertinentes pour les ETI. Cette initiative est extrêmement importante pour les start-ups, qui ont souvent des idées novatrices, mais qui manquent d’un modèle économique viable. En leur permettant de finaliser leur modèle économique, les ETI concourent à cette innovation. Prodware a d’ailleurs mis en place 365x, un programme d’incubation de start-ups. Il onboarde une quarantaine de start-ups matures avec des solutions innovantes (autour de l’IOT, de la réalité augmentée, de l’IA, etc…) qui sont fournies à nos clients