Cette année, la France a atteint 62,2 milliards d’euros de déficit commercial. Bien que ce résultat ne soit pas positif, les montants exportés connaissent quant à eux une évolution remarquable depuis plus de 5 ans. L’amélioration du système d’accompagnement des entreprises à l’export permettra d’accélérer cette croissance.
Une hausse des exportations qui compte des PME fragiles
D’après les résultats du commerce extérieur de la France publiés par les douanes le 7 février, l’année 2017 a vu ses exportations augmenter de 4,5% par rapport à 2016. En tout, ce sont 124 000 entreprises qui ont exporté en 2017. Le déficit commercial, quant à lui a atteint des sommets en 2017 principalement en raison de la hausse des importations (+6,8%) résultant de la reprise économique. De leur côté, les exportations françaises se portent plutôt bien puisque l’on constate une augmentation constante des montants exportés depuis 2010, bien que le nombre d’entreprises exportatrices n’augmente pas aussi vite.
Ces résultats peuvent suggérer qu’un bon nombre d’entreprises ont pu s’implanter durablement à l’international et y développer leurs ventes. Toutefois, le rapport « Stabilité du nombre d’opérateurs à l’exportation » pointe l’instabilité des PME exportatrices face aux ETI et aux grandes entreprises.
En 2017, 95% des entreprises exportatrices étaient des PME et des micro-entreprises. Pourtant, sur la même année, 23% d’entre elles ont commencé à exporter et la même proportion n’exporte plus. Malgré une baisse de 6% du nombre d’entreprises « sortantes », ce sont 2,5% d’entreprises en moins qui se mettent à exporter en 2017 par rapport à 2016. Or si les PME se maintenaient à l’export d’une année à l’autre, le nombre d’entreprises exportatrices augmenterait sensiblement. De la même manière, plus une entreprise est petite, moins elle réussit à pérenniser son activité à l’export. Ces résultats peuvent être dus à une faille dans le système d’accompagnement des PME à l’export, et dans une moindre mesure au fait que les PME dépendent souvent d’un seul produit, ou qu’elles ciblent moins de 4 pays (par opposition aux ETI et grandes entreprises). Ainsi, seules 30% des PME ont réussi à pérenniser leur activité à l’export de 2015 à 2017. Pour contrer ce dysfonctionnement, le gouvernement a annoncé une série de mesures depuis fin 2017 pour soutenir l’export des entreprises.
Améliorer le système d’aides à l’export pour consolider les exportations françaises
On le sait, les PME contribuent majoritairement à la croissance économique de la France. Abstraction faite des micro-entreprises, 138 000 PME ont été répertoriées par l’INSEE en 2013, bien devant les 5300 ETI et 274 grandes entreprises. Les PME représentaient 28% des salariés en France, soit 9% de plus que les ETI et 1% de moins que les grandes entreprises. Pourtant leur petite taille leur apporte une fragilité que les ETI et les grandes entreprises n’ont pas. C’est pourquoi le gouvernement a un rôle fondamental à jouer dans l’accompagnement de ces entreprises, pour qu’elles puissent croître et se transformer en ETI elles aussi. Cela passe notamment par l’export, qui est un levier de croissance certain.
Pour soutenir les PME à l’export, il faut que le système d’aides à l’export fonctionne. Or comme l’a affirmé le premier ministre Edouard Philippe le 9 février 2018 au salon des entrepreneurs, « notre système d’accompagnement des entreprises à l’étranger […] ne marche pas bien, il faut le constater. Si les chiffres étaient bons on ne toucherait à rien, ils sont mauvais, il faut changer ». Néanmoins, le système d’aides à l’export a déjà été pointé du doigt en septembre 2017 par un rapport du député Buon Tan.
Simplifier le « mille-feuilles organisationnel » inefficace pour les entreprises
Selon le député Buon Tan, il faut sim-pli-fier ! Même si le transfert de la gestion des garanties publiques à l’export de Coface à Bpifrance a été effectué dans une optique de simplification, le nombre d’intermédiaires reste conséquent. En effet, les entreprises peuvent être accompagnées à l’export par :
- Business France ;
- Bpifrance,
- Les ministères,
- Les régions,
- Les consultants privés,
- Les chambres de commerce,
- Les conseillers économiques.
Il est évident que cette organisation ne permet pas aux PME de s’approprier les aides à l’export et de se lancer sereinement à l’international. Partant de ce constat, le rapport de Buon Tan plusieurs solutions sous la forme d’une infographie :
Un mois après ce rapport, le ministre des affaires étrangères Jean-Yves le Drian a exprimé la volonté de mieux soutenir les PME et ETI exportatrices en passant par les aides à l’export. Un projet qui devrait permettre à 75 000 entreprises de se lancer à l’international d’ici 5 ans.
Vers un « guichet unique » des aides à l’export à destination des entreprises
Actuellement, les aides à l’export à destination des entreprises fonctionnent en « silos ». Les organismes de financement sont autonomes et ne communiquent pas entre eux, ce qui entraîne un manque de lisibilité des dispositifs d’aide. Or ce manque de lisibilité empêche les entreprises d’accéder aux aides à l’export. C’est pourquoi Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des affaires étrangères, a affirmé son souhait de créer une coordination entre l’Etat et les régions suite à une réunion le 5 septembre. L’unification des actions entre l’Etat et les régions permettrait d’initier un parcours d’accompagnement continu des entreprises à l’international, de la prospection à l’investissement sur les marchés étrangers. Tel est le principe du « guichet unique » régional. Son objectif est de permettre aux entreprises d’accéder à l’ensemble des aides à l’export tout au long de leur processus d’internationalisation, en réduisant le nombre d’intermédiaires au maximum. Toutefois le projet de « guichet unique » doit également être efficace pour fonctionner.
Le système actuel d’aides à l’export manque d’efficacité. Pour inverser cette tendance, Jean-Yves Le Drian propose avant tout de « supprimer les doublons » créés par ce manque de coordination entre les organismes de financement. Néanmoins, cette mesure n’est pertinente que si elle est inscrite dans un processus de financement clair et personnalisé. Les entreprises ont besoin d’un « accompagnement répondant à la diversité des besoins […] en fonction de leur expérience de l’international » selon Jean-Yves Le Drian. En effet, un projet d’export comporte une série d’étapes décisives où le risque d’échec est plus ou moins grand selon l’expérience de chaque entreprise. Cet accompagnement passe par la création d’un réseau aux compétences complémentaires, notamment entre les régions, Bpifrance, Business France et la CCI. Cette stratégie devrait permettre d’augmenter le nombre de PME et d’ETI exportatrices, ainsi que le chiffre d’affaires des entreprises déjà présentes à l’international. A condition que le budget des organismes de financement soit à la hauteur des attentes…
Une réduction des crédits pour Bpifrance et Business France ?
Lors de la séance du jeudi 16 novembre à l’Assemblée Nationale, la problématique budgétaire de Bpifrance et de Business France a suscité le débat. En effet, il semble que le projet de loi de finances pour 2018 prévoie de réduire les crédits accordés à Bpifrance et Business France, alors même que le gouvernement vise 200 000 entreprises exportatrices contre 125 000 actuellement. Durant la séance, Buon Tan a tenté de défendre la reconduction des crédits de Business France qui devrait sinon subir « un nouveau coup de rabot de 3 millions d’euros », ajoutant que les baisses de subventions auraient forcé Business France à augmenter le prix de ses prestations aux entreprises. Toutefois, la proposition de Buon Tan a été refusée mais un rapport sur le financement de Business France a été demandé.
De son côté, Bpifrance devrait subir une baisse de sa rémunération « de 19,3% pour 2018 » alors que le nombre de TPE et PME bénéficiaires de l’Assurance Prospection a été divisé par 2 en 2 ans et que le nombre de bénéficiaires d’aides à l’export a baissé de 42% entre 2014 et 2016. Néanmoins, cette difficulté pourrait être compensée par d’autres projets du gouvernement pour les entreprises.
Le projet « PACTE » dédié à la croissance des entreprises
Présenté le 11 septembre, le « Plan d’actions pour l’investissement et la croissance des entreprises » (PACTE) ou « Plan Entreprises » vise à aider les entreprises à grandir, exporter et embaucher face aux difficultés qu’elles rencontrent pour passer des caps (PME, ETI, grande entreprise). Ce plan d’actions interviendra sur les 6 thématiques suivantes :
- Création, croissance et transmission ;
- Financement des entreprises,
- Simplification de l’administration,
- Conquête de l’international,
- Numérisation et innovation,
- Formation initiale et continue.
Le #PACTE, c’est :
✅ développer les PME qui doivent devenir des ETI
✅ mieux associer les salariés à la vie et aux résultats des entreprises
✅ passer des droits formels aux droits réels en matière d’égalité femmes – hommes
✅ investir massivement dans l’innovation pic.twitter.com/r16dOeDxkz— Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire) January 15, 2018
Le « Plan Entreprises » fera l’objet d’un projet de loi qui sera présenté d’ici le mois d’avril 2018.