Le récent rapport « Les dispositifs de soutien à l’exportation » de la Cour des Comptes a constaté l’inefficacité de l’accompagnement à l’export sans interroger la pertinence de l’offre des aides financières à l’exportation. C’est pourtant ce qu’attendent les chefs d’entreprise.
Tout est dans la forme…
Le paysage des aides financières à l’exportation est aujourd’hui composé de subventions régionales, de garanties proposées par Bpifrance (exception faite du dispositif « Diagnostic International »), des chèques relance Export et VIE proposés par Business France et de prêts proposés par le Trésor.
Or « seuls 27% des entreprises bénéficiaires estiment avoir constaté, grâce à la mobilisation d’un financement public à l’export une facilitation dans leur développement à l’international » ! De plus, les subventions régionales peuvent être très restreintes et concernant les garanties à l’export de Bpifrance, la Cour des Comptes a « constaté que l’offre de Bpifrance n’était pas encore bien connue des entreprises et que la complexité des dossiers de demande pouvait en rebuter certaines et les inciter à ne pas aller au bout de leur démarche ». Par ailleurs, les chèques relance sont des dispositifs ponctuels et modestes en termes de montant d’aide.
Pour concrétiser des projets ambitieux comme se développer à l’international, les chefs d’entreprise ont besoin de moyens financiers importants et qui ne nécessitent pas de remboursement (voir notre article « Les chefs d’entreprises demandent plus d’aides à l’export »). L’offre des aides financières à l’exportation devrait être revue de la manière suivante :
- Restaurer le Crédit d’Impôt Prospection Commerciale (CIPC) qui a existé de 2007 à 2018,
- Remplacer les prêts du Trésor et les chèques relance par des subventions pérennes,
- Elargir le champ des subventions régionales et les uniformiser.
Le crédit d’impôt et la subvention sont en effet les deux formes d’aides publiques plébiscitées par les entreprises. Au-delà de la forme des aides, il serait nécessaire de financer la phase d’investissement à l’étranger. Quoi qu’il en soit, le levier financier devrait primer sur le levier du conseil, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
Un accompagnement humain trop important
Dans son rapport, la Cour des Comptes énonce la longue liste des acteurs publics du soutien à l’export et évoque leurs prestations d’accompagnement, « pour la plupart payantes »… Ces prestations visent à préparer les entreprises et à les aider à se projeter à l’international. Concrètement, ils proposent de réaliser un diagnostic, un plan d’actions et des études de marché ainsi que d’apporter un appui à la prospection commerciale. Il se trouve que cette démarche est un échec !
Du côté des entreprises, le constat est le suivant : « les dispositifs ont le plus souvent un taux d’impact inférieur à 50%, ce qui signifie que moins d’une entreprise sur deux a connu, à la suite de ces prestations, de nouveaux courants d’affaires ». Du côté des administrations, leurs priorités sectorielles et géographiques n’ont pas été définies, le guichet unique Team France Export n’est pas achevé en raison d’un manque de coordination entre tous les acteurs (ce qui le rend peu utile pour les entreprises) et le modèle économique de Business France est à repenser…
La Cour des Comptes a formulé huit recommandations pour redresser la situation, dont deux relatives aux modalités des prestations d’accompagnement :
- « Définir et mettre en œuvre une offre de services gratuite de premier niveau, à destination de toutes les entreprises souhaitant exporter »,
- « Proposer une offre d’accompagnement personnalisée gratuite ou à faible coût à destination des entreprises jugées prioritaires ».
Il est effectivement illogique qu’une entreprise ait à payer l’intégralité d’une prestation publique, alors même que les aides publiques aux prestations de conseil sont soit subventionnées, soit gratuites. Ici encore, il serait nécessaire d’accompagner l’entreprise dans toutes les phases de son développement à l’international. La route est encore longue…